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tag à Lublin sur la façade d'un garage, avec écrit, "toujours fidèles à notre mémoire"
tag à Lublin sur la façade d'un garage, avec écrit, "toujours fidèles à notre mémoire"

le premier mars est en Pologne le jour des "soldats maudits".

ces "Żołnierze wyklęci" ce sont ceux qui, en 1945, n'ont pas accepté de considérer l'entrée de l'armée rouge comme une "libération" et ont poursuivi le combat.

un détail sur la multiplication des jours fériés dans le calendrier,

primo on n'a pas trop le choix,

une histoire particulièrement riche en victoire et en défaites...

secundo, même si la "journée du soldat maudit" n'est pas fériée, il ne faut pas croire que l'ajout

de journées chômées au calendrier diminue forcément la croissance économique.

par exemple l’Épiphanie avait été supprimée du calendrier par les communistes en 1960, mais

quand on l'a rétablit en tant que jour non travaillé en 2011, il y eut d'une année à

l'autre une croissance du produit intérieur brut polonais et ce pendant que les

pays qui refusaient de fêter les rois mages s'enfonçaient dans leur récession.

http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/01/22/la-recette-anti-crise-de-l-economie-polonaise_1819798_3234.html

pensez y, en France, avec de supprimer de la semaine le jour du Seigneur...

ce n'est pas le Seigneur qui a besoin de nous faire plaisir. c'est l'inverse...

quant aux résistants de 1945 ils sont appelés "maudits" ou "exclus" pour avoir été non seulement traqués comme des bandits par le pouvoir en place, mais également exclus du récit national par

une chape de plomb de silence, jusqu'à la "vraie" libération de 1989.

cette deuxième sanction est en quelque sorte pire, car elle consistait à exclure symboliquement

de la communauté nationale, bâtie au fil des siècles par le récit d'un martyr partagé...

le premier mars 1951 sept d'entre eux (membres du mouvement de résistance "wolność i niezawisłość" liberté et irrédentisme) furent abattus d'une balle dans la tête aprés procès

qu'on ne peut même pas qualifier d'expéditif par que la sentence était dans certains cas communiquée après des années de prison.

ces sept là étaient parmi les derniers d'un mouvement général de résistance qui dura jusqu'en 1963.

la durée et les dimensions de la résistance polonaise au nazisme est incomparable avec la résistance française. l'état souterrain représentait plus d'un million de personnes, hommes, femmes, enfants (de leur plein grès et parfois contre l'avis de leurs parents) avec ses propres institutions dont l'armée était un élément important.

et ce pour une population inférieure à la population française et alors que les conditions d'occupation étaient (avec une peine de mort appliquée par les allemands pour plein de délits) bien pires.

il faudra bien plus d'articles pour faire le tour de ce vaste sujet.

en tout cas il ne faut pas s'étonner qu'une partie de ce vaste réseau n'ait pas été arrêtée par les russes tout de suite après leur entrée en territoire polonais en 1945.

ces résistants, cette fois au nouvel occupant, furent même rejoints par de nouveaux volontaires qui découvraient peu à peu la réalité du communisme.

il y avait des légions entières d’organisations nationales, locales ou même internationales, puisque de pans entiers de la Pologne étaient désormais de l'autre côté de la nouvelle frontière de l'union soviétique.

même les seize polonaises et polonais partis à Moscou essayer de négocier la paix furent tous simplement enfermés et jugés comme des criminels. (le procès équitable est un acquis de la démocratie libérale inconnue alors en Russie.)

le gouvernement polonais préféra rester en exil à Londres jusqu'en 1989, quand son dernier président (la ligne de succession fut conservée.) remit les insignes du pouvoir au nouveau président démocratiquement élu, Lech Wałęsa.

les alliés qui avaient gagnés la guerre s'estimaient satisfait de la libération de leurs seuls pays, alors même que leur entrée en guerre devait initialement servir à sauver la Pologne

et que c'est seulement pour ne pas avoir agit suffisamment vite au début de la guerre, qu'il avaient été eux même envahi.

le général Patton parait il, affirmait à qui voulait l'entendre que si ses tanks qui avaient reçus plus d'essence, alors il serait arrivé à Moscou et pas qu'à Berlin.

au lieu de ça, les "soldats maudits" restèrent bien démunis dans une lutte inégale.

il faut attendre la mort de Staline en 1953 pour que le congrès du parti le désavoue, 1956 pour que la classe ouvrière se détourne du parti (grèves de Poznan¨et soulèvement de Hongrie) et les années soixante pour qu'on entende parler des premiers, timides "dissidents" russes.

pour attraper les "soldats maudits" l'état usait du subterfuge de la fausse trêve.

il faisait croire régulièrement que les polonais de tout bords seraient acceptés par le régime à condition de se présenter et de déposer les armes.

comme ceux daignaient le faire étaient mis au secret aux oubliettes, d'autres tombaient dans le piège, mais cela finissait par se savoir le rendant de moins en moins efficace.

à la première fausse trêve, juste après 45, même des soldats polonais restés en Europe de l'ouest jugèrent bon de répondre à l'invitation et rentrer au pays pour lequel ils s'étaient battu.

mais tous étaient liquidés par les russes comme l'avaient été les milliers d'officiers de Katyn pendant la guerre.

(il faut préciser que la mentalité communiste est athée et n'a pas la même notion du bien et du mal que la mentalité catholique polonaise traditionnelle.

pour les rouges ce qui est "bien" est ce qui rapproche du but ultime du paradis sur terre.

pour les catholiques, c'est ce qui les rapproche du vrai paradis, c'est à dire une attitude juste.)

aujourd'hui nous avons un autre nom pour ces résistants de la dernière heure (dans le bon sens car c'est l'heure où les autre résistants sont morts ou ont abandonnés) les "soldats incassables"

"Żołnierze niezłomni".

dans le sens où les torture ne les a pas "cassés".

mais "złamać" a aussi un autre sens, s'abattre psychologiquement, donc disons "qui ne se sont pas laissé abattre".

voilà désolé pour ce billet succin et tristounet, hélas nécessaire pour comprendre l'histoire du pays, voire je dirai son présent.

au moins on reste dans l’ambiance du carême.

Tag(s) : #-histoire de la Pologne, #évènementcommémoration

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